L’héliographie, invention de Nicéphore Niépce


L’héliographie est développée suivant deux méthodes distinctes. La découverte de Nicéphore Niépce étant basée sur l’insolubilisation du bitume de Judée par action de la lumière, l’inventeur conçoit deux applications différentes de ce principe :
 - l’une consiste à « fixer des points de vue » dans la chambre noire,
 - l’autre à copier des gravures existantes et à les « reproduire par l’impression à l’aide des procédés connus de la gravure » (Notice sur l’héliographie, 1829).

Les points de vue

Pour Niépce, un point de vue est une image produite dans une chambre obscure , ou chambre noire, et fixée sur une surface photosensible – ce que l’on nommera par la suite une « photographie ».
 
Réalisation des points de vue : une plaque d’étain est enduite de bitume de Judée dissout dans l’essence de lavande. Elle est exposée à la lumière dans une chambre noire, en direction d’une « vue » que l’on a décidé de « fixer ». Après plusieurs heures, le bitume de Judée est dissout dans l’essence de lavande, d’autant mieux qu’il a reçu moins de lumière. Restent sur la plaque les zones de bitume qui ont reçu plus de lumière.

Les copies de gravure

Une gravure originale sert à produire une plaque d’impression qui en reproduit exactement le dessin ; la procédure comprend d’abord l’action de la lumière sur une substance photosensible, puis la gravure de la plaque, à l’acide, selon la technique de l’eau-forte (acide nitrique sur plaque de cuivre) en vogue depuis le XVIIè siècle. La conjonction de ces deux actions sera dénommée par la suite « photogravure ». 

Réalisation des copies de gravure : une plaque d’étain (ou de cuivre, ou de cuivre argenté) est enduite de bitume de Judée dissout dans l’essence de lavande. On dépose sur cette plaque une gravure originale rendue translucide par un vernis, et l’on expose l’ensemble à la lumière solaire. Le bitume est ensuite dissout aux endroits qui n’ont pas reçu de lumière, correspondant aux traits noirs de la gravure. La plaque est ensuite gravée sélectivement par action de l’acide (« eau-forte ») : les zones correspondant aux traits, non protégées par le bitume, sont creusées par l’acide. La plaque débarassée du bitume est ensuite encrée « dans les creux » (technique habituelle de l’eau forte) et pressée contre une feuille de papier. Elle reproduit ainsi, « traits pour traits » la gravure originelle. L’impression d’une nouvelle épreuve peut être renouvelée indéfiniment.

L’invention héliographique constitue à la fois l’invention de la prise de vue photographique avec une chambre noire et l’invention de la photogravure.