L'exploitation de la photosensibilité


« La lumière, dans son état de composition et de décomposition, agit chimiquement sur les corps. Elle est absorbée, elle se combine avec eux, et leur communique de nouvelles propriétés. Ainsi, elle augmente la consistance naturelle de certains de ces corps ; elle les sodifie même, et les rend plus ou moins insolubles, suivant la durée ou l’intensité de son action. Tel est, en peu de mots, le principe de la découverte » (Notice sur l’héliographie, 1829).

Bien que Nicéphore Niépce ait utilisé divers supports (pierre lithographique, verre, cuivre, cuivre argenté, étain), diverses substances photosensibles (phosphore, résine de gaiac, chlorure d’argent), au cours des 17 années pendant lesquelles il s’occupe de cette recherche sur l’héliographie (avec de nombreuses interruptions), le bitume de Judée ou asphalte (termes employés par Niépce) est le constituant photosensible de la procédure héliographique.

Niépce met à profit la propriété du bitume de Judée, soluble dans l’essence de lavande,  d’être rendu insoluble par action de la lumière.

Pour obtenir une image permanente sur la surface photosensible, il faut arrêter les effets de la lumière à un stade donné, ce que Niépce appelle « fixer » :

« La découverte qui m’occupe, et dont j’ai eu l’honneur de vous faire part, consiste à fixer l’image des objets, par l’influence chimique de la lumière ; à fixer cette image d’une manière exacte ». Lettre du 16 octobre 1827. Nicéphore à Aiton. (Académie des Sciences de Russie).

Le « fixage » de l’image et des effets de la lumière consiste à éliminer la substance photosensible non impressionnée par la lumière, c’est-à-dire les parties de la substance dont les propriétés n’ont pas été modifiées par la lumière : par exemple, dans le cas du bitume de Judée, rendu insoluble par la lumière, le fixage est obtenu par la dissolution du bitume qui n’a pas reçu de quantités de lumière suffisantes.

L’apport essentiel de Nicéphore Niépce réside dans la réussite de ses expérimentations (action de la lumière, fixage), dont quelques unes subsistent aujourd’hui : ce sont les réalisations héliographiques dont la première « prise de vue » avec une chambre noire.

Ses écrits (Lettres envoyées ou reçues par lui ; Notice de Kew, 1827 ; Notice sur l’héliographie, 1829 ; Traité provisoire avec Daguerre, 1829) témoignent également de cet avancement de ses recherches.